Dans les sociétés africaines le mariage est un moment privilégié.

II consacre la rencontre et !’union de deux individus de sexes différents.

Cet évènement majeur est concrétisé au plan civil par l’obtention d’un certificat de mariage et au plan religieux par une profession de foi des représentants de l’homme et de la femme devant la Umma (l’assemblée) islamique.

Cette nouvelle vie qui commence explique pourquoi certaines considérations ont toujours été prises en compte dans le choix de la mariée. Un homme ou une femme mariée devient plus responsable et plus respecté par la communauté. Toutefois il est souvent la consécration d’un amour entre un homme et une femme ou finalement l’aboutissement d’une complicité tacite fondée sur la compréhension, le respect mutuel, la foi…

Quoiqu’il en soit le mariage est, et demeure l’affaire de toute une Famille.

Un clip juste magnifique qui retrace le mariage traditionnel Peulh. 

LE PROBLEME DU CHOIX

L’Afrique traditionnelle avait ses règles et ses conceptions basées sur certaines réalités sociales et culturelles qui autorise à penser que la famille intervient toujours dans le choix de la future épouse. En effet II est communément admis que les jeunes garçons ont toujours entretenu des relations privilégiées avec leurs oncles et leurs tantes et par conséquent leurs cousins et cousines. C’est pourquoi il n’est pas rare que ces derniers soient conviés à des festins et à des banquets ou que leurs actions quotidiennes soient orientées vers la naissance et le développement de sentiments amoureux.

Ainsi l’homme peut se permettre d’envoyer toutes sortes de cadeaux à sa cousine, ses habits à laver ou alors recevoir de petits plats préparés par cette dernière. Tout cela est préparé minutieusement par les parents dans le sens de déblayer le terrain, de sorte qu’au moment opportun le mariage soit accepté de tous. Cependant il arrive que toutes ces tentatives soient vouées à l’échec parce que tout simplement l’un ou l’autre a rencontré dans ses différentes pérégrinations l’âme sœur.

Ainsi naissent et se développent des sentiments amoureux suffisamment profonds accentués par !’influence du monde occidental à travers les journaux, les films, le Net, etc… De telles aspirations peuvent aboutir au désir de se marier accepté ou non des parents.

Dans ce contexte apparaissent des considérations sociales et culturelles liées à l’appartenance ethnique, a la classe sociale (problèmes de castes) mais également à la situation économique. Cette dernière transcende de plus en plus les rapports humains et demeure l’élément déterminent dans le choix du mari.

C’est au terme de toutes ces péripéties que les parents s‘accordent à légitimer l’union entre les deux. Cela passe obligatoirement par la fixation de la dot et l’organisation de toutes les cérémonies liées au mariage.

LA DOT

La dot est l’argent que le prétendant doit verser à la famille de la jeune fille pour officialiser d’une part les fiançailles et d’autre part permettre I ‘accomplissement du mariage religieux. Elle est obligatoire et sa valeur a beaucoup changé au cours du temps.

A l’origine elle était d’un rouble/dinar (équivalent de quatre grammes d’or) conformément au Coran. Cette somme peut varier selon les moyens du prétendant. En milieu Toucoułeurs (région nord du Sénégal) on pouvait donner jusqu‘à cent (100) têtes de vaches, cent (100) têtes de bœufs, cent (100) têtes de moutons ou même des esclaves.

Actuellement la valeur de la dot est fixée par la loi soit 28 000 FCFA. (43 €) Ailleurs certaines grandes maisons religieuses sénégalaises réclament entre 1 500 FCFA et 3 000 FCFA. Le prétendant donne entre 100 000 FCFA (150 €) et 500 0O0 FCFA (762 €) pour permettre à sa belle-famille de faire face aux dépenses occasionnées par les festivités.

En principe le mariage tel qu’il est pratiqué au Sénégal suppose que le prétendant soit en mesure de régler les problèmes pécuniaires suivants :

  • La dot qui permet la célébration religieuse,
  • Une somme de 25 000 FCFA (38 €) est versée à la classe d’âge de la jeune fille destinée à la prise en charge des différentes activités durant les trois jours de festivités.

Par ailleurs les deux familles des mariés se doivent de donner à manger aux invités pendant les trois jours, de répondre aux sollicitations des gens de castes (griots et neeno) et de récompenser les esclaves chargés de la préparation des mets. Le versement de la dot va permettre aux deux familles conjointement de fixer la date du mariage qui se fait en deux étapes : le mariage religieux et le mariage civil.

Le Mariage est divisé en deux grandes parties.

  •  Le mariage religieux

C’est le volet le plus important. La cérémonie religieuse du mariage a lieu soit à la mosquée, soit chez les parents de la jeune fille, mais jamais chez les parents du prétendant. Généralement, elle est réservée aux hommes mais les femmes aussi peuvent y participer. Cependant ni le prétendant, ni la future épouse n’ont le droit d’assister à la cérémonie. Ils sont représentés par leurs parents proches (oncle, frère du père, …).

La cérémonie est dirigée par l’Iman (personne choisie selon des critères bien définis pour diriger les prières à la mosquée. II doit maitriser le Saint Coran et la Sunna du Prophète (PSL) et être un homme intègre). de la mosquée en présence des représentants des deux familles et des témoins constitués par l’assistance. II commence par vérifier est ce que la dot a été intégralement ou partiellement versée. II procède alors à la répartition de la dot soit :

  • 1 000 FCFA pour l’Imam,
  • 1 000 FCFA pour le père,
  • 1 000 FCFA pour la mère de la jeune fille.

Ces formalités remplies, l’Imam invite ensuite le représentant du prétendant à demander publiquement au représentant de l’autre partie la main de la fille. II doit s’exprimer en ces termes :

« Je demande au nom du saint  Coran et de la  Sunna  du Prophète (P.S.L) la main de votre fille (on donne le nom de la fille) pour mon fils (on donne le nom du prétendant) ».

Son interlocuteur doit répondre en ces termes :

« J’accorde la main de ma fille (on donne son nom) a votre fils (on donne son nom) selon les lois prescrites dans le Saint Coran et dans La Sunna du Prophète (P.S.L) ».

L’Imam prend à témoin !’assistance et formule des prières pour sceller les liens sacres du mariage. Ainsi on distribue à !’assistance de la cola, des biscuits. Selon les pouvoirs d’achat des deux familles il est distribué des boissons fraiches (bissap, bouy, soda…).

  • Le mariage civil

Il a lieu d’habitude après le mariage religieux au centre d’Etat civil. Sur convocation de l’officier d’état civil qui est le maître d’œuvre, les deux conjoints se présentent au dit lieu accompagné chacun de deux témoins. Il s’agit d’une cérémonie officielle et légale durant laquelle l’officier de police judiciaire ou son représentant vérifie l’identité des deux conjoints et des témoins. Il rappelle par ailleurs les principes du mariage, mentionne la dot versée et le régime matrimonial choisi (polygamie ou monogamie) dans le registre des actes de mariage de la mairie.

Etant donné que la religion musulmane autorise la polygamie jusqu’à quatre épouses, il est alors demandé aux conjoints de faire une option :

  • Soit le couple opte pour la monogamie et dans ce cas il y a possibilité de choisir une communauté des biens.
  • Soit le couple opte pour la polygamie limitée à deux ou illimitée qui exclut toute possibilité de communauté de biens.

Généralement le couple opte pour la polygamie pour être en conformité avec la religion même si parfois dans les faits on ne l’envisage pas. Il faut noter que les femmes le plus souvent préfèrent la monogamie et il n’est pas rare de voir le mari négocier la signature de sa femme avant de se rendre au centre d’état civil car si l’une des parties refuse de signer le certificat de mariage n’est pas délivré.

C’est seulement sur la base d’un accord parfait que les deux conjoints et leurs témoins respectifs vont parapher le registre : consacrant ainsi leur union devant la loi. Ainsi ils peuvent bénéficier des documents suivants : certificat de mariage (voir annexe) et livret de famille.

Chez les musulmans l’homme peut avoir une, deux, trois ou quatre femmes. S’il a plus d’une femme on dit qu’il est polygame. L’homme peut opter pour la polygamie illimitée avec même la possibilité d’en avoir une cinquième à condition de marier une esclave.

LA CEREMONIE NUPTIALE

C’est la partie purement culturelle du mariage. Elle peut avoir lieu Ia nuit qui suit la cérémonie religieuse ou plus tard en accord avec la famille de Ia jeune fine.

Elle commence en début de soirée avec des rituelles qui préparent Ia jeune fille a la future vie de femme. Elle est considérée comme sacrée car :

  • La fille doit être protégée mystiquement contre les mauvais esprits durant cette nuit et même au-delà. Ce rituel comprend un bain sacré durant lequel la fille est assise nue sur un mortier, entourée de ces tantes qui Ia purifient avec de l’eau bénite : de Ia tête aux pieds.
  • Elle porte autour du cou des amulettes confectionnées par des spécialistes qui l’assistent à cette occasion.
  • Elle est habillée simplement d’un petit pagne blanc a la taille décorée de bines-bines (collier de grosses perles fluorescentes que la femme met autour de la taille surtout la nuit), recouverte d’un voile noir transparent sur le visage et enfin recouverte d’un pagne spécial (Ce pagne servira plus tard à porter à califourchon le premier bébé du mariage) offert gracieusement par sa mère.

La fille devra honorer sa famille en prouvant sa virginité et par conséquent sa bonne éducation qui est l’œuvre de ses parents. Sa chasteté prouvée, la fille reçoit de la part de son mari un petit cadeau en guise de récompense. Le cas échéant sa famille commence Ia fête au petit matin en réveillant les voisins au rythme des tam-tams (C’est une manifestation de joie et de soulagement de la famille de la jeune fille).

Toute la journée durant, la maison reçoit la visite des parents et des amis qui, le plus souvent restent pour partager les repas. II en sera ainsi pour les trois jours qui vont suivre.

Au soir du troisième jour, Ia jeune fille accompagnée de sa classe d’âge, des griots battant des tam-tams, des esclaves portant ses valises et ses ustensiles de cuisine et des tantes est conduite vers sa nouvelle demeure qui est la maison du mari. Ainsi le lendemain il est organisé une grande réception qui est en fait le résultat d’une satisfaction avouée et de remerciements a tous ceux qui ont participe de près ou de loin a Ia réussite.

Il peut arriver que Ia jeune fine assez perverse ne soit pas en mesure de respecter ses engagements. Par conséquent elle fait l’objet de risée, de railleries…jetant ainsi le déshonneur dans sa famille. Ceci peut conduire à une rupture pure et simple.